Quelque peu blessée dans mon égo de Française , j’ai décidé depuis ce jour de lui proposer diverses questions concernant sa langue : comment dit-on bonjour ? Comment dit-on au revoir ?
Mahesh qui a pour habitude de ne pas parler du tout, se met alors à traduire les mots que je lui demande.
Il va de soit que, j’ai la mémoire courte et l’hindi est si compliqué, que chaque jour, Mahesh est souvent contraint de me répéter les mêmes choses.
Un jour, fière de ma trouvaille sur internet et alors que Mahesh me dépose devant chez moi, je m’exclame « Shoukria » , sensé signifier merci.
Mahesh me lance soudain un regard très obscur que je perçois dans le rétroviseur. Je prie, l’instant de quelques secondes , que cela ne soit pas en fait une insulte.
- Shoukria est pour les musulmans. Pour les hindous , tu dois dire Dhaniavaad. Tout le monde comprend Shoukria et normalement un hindou ne t’en voudra pas si tu lui dis ça. Mais à ta place, je ferais attention d’utiliser le bon mot avec les bonnes personnes, on ne sait jamais. Tout le monde connaît l'Hindi ici, alors utilise le mot des hindous.
- Ah. D’accord. Mais comment distinguer un hindou d’un musulman ?
- L’hindou ne porte en général pas de barbe ou de kippah, le musulman si.
Je chuchote donc un petit Dhaniavaad , avant de sortir discrètement de la voiture.
La petite histoire entre l’Inde et le Pakistan .
Frères ennemis issus de l'Empire britannique des Indes, l'Inde et le Pakistan s'opposent et se défient mutuellement depuis 1947. Ils se sont affrontés par les armes à plusieurs reprises, notamment autour de la question du Cachemire. Mais la détention de l'arme nucléaire par les deux Etats, le développement du terrorisme et des extrémismes religieux contribuent à rendre ce face-à-face plus périlleux.
D'un côté, l'Inde, principale héritière de l'ancien Raj britannique, qui met en avant son caractère laïque, le fonctionnement démocratique ininterrompu de ses institutions et l'existence d'une importante communauté musulmane sur son sol (120 millions de personnes). De l'autre côté, le Pakistan, qui a échoué à rassembler les musulmans du sous-continent et a connu plusieurs dictatures militaires.
La question du Cachemire constitue la principale pomme de discorde entre les deux États et a jusqu'à présent structuré leurs diplomaties respectives. Aux trois quarts peuplé de musulmans, ce territoire est tout à la fois revendiqué par l'Inde et par le Pakistan. Coupé en deux par une "Ligne de contrôle" depuis 1949, le Cachemire constitue donc un enjeu territorial renvoyant à la nature de l'identité nationale des deux États.
«Il y a une quarantaine de violations du cessez-le-feu chaque année, instiguées en grande majorité par Islamabad. Certains incidents ont coûté la vie à des soldats indiens. A chaque fois, le Pakistan est dans le déni, c’est sa stratégie de base. L’Inde, elle, n’a pas d’intérêts significatifs à rompre le cessez-le-feu. Le Pakistan, lui, cherche à infiltrer des terroristes et à instiller la peur. Ce genre d’actes très violents, comme la décapitation, sert à terroriser les gens. Ce n’est pas nouveau, des corps de soldats indiens ont déjà été mutilés par le passé», explique le directeur de l’Institute for Conflict Management à New Delhi, Ajai Sahni, qui relativise les récents événements.
Après cette affaire, le chef de la diplomatie indienne a assuré que son pays fournirait une «réponse proportionnelle» à l’attaque, considérée comme une «tentative évidente pour faire dérailler le dialogue de paix». L’ambassadeur pakistanais a été convoqué hier pour rencontrer le secrétaire indien aux Affaires étrangères. Mais, selon Ajai Sahni, cet incident ne risque pas de provoquer une escalade. «C’est la routine. A part répliquer localement, l’Inde n’a jamais mené de représailles majeures, assure-t-il. Cela n’est jamais arrivé par le passé et cela n’arrivera pas maintenant. De même au Cachemire, cela n’aura aucun impact sur la situation. Ce sera juste "business as usual" par la suite», explique-t-il. De toute façon, selon cet expert, «le processus de paix entre l’Inde et le Pakistan a toujours été vain. Il sert juste à montrer au reste du monde qu’il y a un processus de paix. Aucune des deux parties n’est de bonne foi».
Bien sure, s’il faut tâcher de distinguer l’hindouisme de l’Islam en Inde, cela ne vient pas à la base de ce conflit entre l’Inde et le Pakistan . Néanmoins, des groupes terroristes religieux se forment de part et d'autres, tendant ainsi à transformer cette lutte nationale , en lutte religieuse (entre les musulmans et les hindous).
Mais , la distinction est surtout due aux divergences qui opposent les deux religions : les hindous croient en plusieurs Dieux quand les musulmans ne croient qu’en l’unique et seul Allah. De même le concept de réincarnation et de castes est complètement étranger aux musulmans pour qui les hommes naissent sans péchés et tous égaux. De même pour ces derniers, l’homme ne nait qu’une seule fois et c’est son action qui déterminera s’il ira au Paradis ou en Enfer.
Ces deux religions qui parviennent parfaitement à cohabiter ensemble malgré leurs différences, sont néanmoins à distinguer, il s’agit d’une question de respect.
N.B : chaque fois que je prends un rickshaw , je m'amuse désormais à essayer de reconnaître la religion de mon conducteur pour le remercier comme il se doit. Il semblerait que je ne me sois pas trompée une seule fois.
Merci Julia encore une fois pour cette petite leçon de vie et aussi le résumé du conflit Pakistan-indien, vu depuis l'inde. Tu imagines les choses que tu découvres aujourd'hui? remercier un conducteur de rickshaw comme il faut!! j' hallucine!!
RépondreSupprimerbisous