lundi 24 juin 2013

Le sujet du viol en Inde


C’est l’heure de la pause café pour moi, il est 15h et après avoir galéré plusieurs heures devant mon ordinateur dans l’impossibilité d’accéder à Internet pour bosser , je me dirige timidement vers la petite cafétéria du bureau (en réalité une pièce d’un peu moins de 10 mètres carrés). Je sais que mon entrée dans la pièce va encore faire l’objet de toutes les attentions, et ce n’est pas loupé ! Tout le monde me sourit et m’appelle pour discuter « white girl » « french girl » ou encore « coffee girl » (il faut savoir que je suis la seule à boire du café au bureau, ici tout le monde ne boit que du thé au lait sucré, d’où le surnom).
Il faut dire que j’ai essayé plusieurs fois de leur apprendre mon prénom, mais il semblerait que le mot Julia , soit très difficilement prononçable pour les indiens, j’ai donc lâché l’affaire quand j’ai vu que l’on m’appelait JOULIET ou GOULI.

Photo prise à la tombe de Humayun


On me tend directement une tasse de café puis on me pose pas mal de questions sur la France et sur moi (la tour Eiffel touche t-elle le ciel ? est-ce que tous les français boivent du café ? pourquoi tes cheveux ne sont pas noirs ? est ce que tu aimes vraiment tes cheveux ? Ne crois-tu  pas que des cheveux noirs t’iraient bien aussi?)  . Une jeune fille (en fait , c’est une naine avec une voix super bizarre et je comprends à peine ce qu’elle dit) finit par me demander si j’ai une question à leur poser concernant l’Inde. Je regarde autour de moi et constate qu’il n’y a aucun homme dans la pièce. Je prends donc mon courage à deux mains et ose demander l’impossible : What do you think about the indians rapt ?
Les visages se ferment. J’ai la soudaine envie de rembobiner la scène pour ne pas avoir eu le culot de poser la question. Mais finalement l’une d’entre elles prend la parole et me répond :

-       C’est un vrai problème, difficile à résoudre. Le gouvernement a suggéré un couvre feu à partir de 20h pour empêcher ce genre de choses. Mais évidemment ça ne peut rien changer et les indiennes ne peuvent pas se contenter de cela.

Encore un silence. Puis une autre reprend :

-       Il y a un véritable problème d’identité en Inde. Beaucoup de gens issus des campagnes viennent chercher du travail en ville où l’Etat ne contrôle presque rien, les hommes boivent de plus en plus , alors que cela ne se faisait pas avant.  L’homme et la femme sont très distincts ici. Je ne crois pas que ces viols aient eu lieu uniquement par désir sexuel, mais aussi et surtout par désir de supériorité et d'affirmation. L’homme veut montrer qu’il a une identité, il veut montrer qu’il a du pouvoir dans un pays où il en a peu. L’Etat ne peut pas faire grand chose contre la recherche d’identité.

(Je résume en quelques lignes, ce qu’elle a en fait exprimé en bien 5 bonnes minutes, mais c’est tout ce que j’ai compris, vu mon niveau d’anglais).
Les femmes me regardent, comme si elles attendaient que j’émette un avis, mais j’en suis encore à me demander pourquoi j’ai posé cette question...
Un homme entre finalement dans la pièce, un mouvement général se met en place et on retourne toutes travailler .

Photo prise dans la rue (pour ceux qui auraient pas deviné)


D’après mes recherches (parce qu’après une telle conversation , difficile de faire des recherches sur le système bancaire indien..),  il semblerait qu’il y est toujours eu beaucoup de viols en Inde , mais ceux-ci avaient lieux dans les zones rurales (seul un tiers des indiens vit dans les zones urbaines). Or le récent viol à eu lieu à New Delhi , d’où les manifestations virulentes qui réclament de ce fait un soutiens de l’Etat.

Photo prise au temple Govind'

Je vous épargne le récit de tous les viols collectifs qui ont été décrits sur Internet (sinon , je connais mon père, il va avancer mon billet de retour), mais le premier ministre Manmohan Singh a ordonné toute une série de mesures pour augmenter la sécurité à New Delhi (dont l’insécurité lui a valu le surnom de capitale du viol) . Espérons que celles-ci seront effectives.


N.B : Je tiens à rassurer mes chers parents sur ce sujet, jusqu'à maintenant, il ne m'est absolument rien arrivé et je n'ai reçu aucune proposition indécente (Une fois un homme m'a dit "I'll marry you for free" mais c'était plus drôle qu'autre chose) et je demeure très prudente :)


1 commentaire:

  1. effectivement "I'll marry you for free" me semble très flatteur vu que les familles des fiancées indiennes doivent apporter une dote non négligeable au futur marié.

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