C’est l’heure de
la pause café pour moi, il est 15h et après avoir galéré plusieurs heures
devant mon ordinateur dans l’impossibilité d’accéder à Internet pour bosser , je me dirige
timidement vers la petite cafétéria du bureau (en réalité une pièce d’un peu moins de 10
mètres carrés). Je sais que mon entrée dans la pièce va encore faire l’objet de
toutes les attentions, et ce n’est pas loupé ! Tout le monde me sourit et
m’appelle pour discuter « white girl » « french girl » ou
encore « coffee girl » (il faut savoir que je suis la seule à boire
du café au bureau, ici tout le monde ne boit que du thé au lait sucré,
d’où le surnom).
Il faut dire que
j’ai essayé plusieurs fois de leur apprendre mon prénom, mais il semblerait que
le mot Julia , soit très difficilement prononçable pour les indiens, j’ai donc
lâché l’affaire quand j’ai vu que l’on m’appelait JOULIET ou GOULI.
Photo prise à la tombe de Humayun
Photo prise à la tombe de Humayun
On me tend
directement une tasse de café puis on me pose pas mal de questions sur la
France et sur moi (la tour Eiffel touche t-elle le ciel ? est-ce que tous
les français boivent du café ? pourquoi tes cheveux ne sont pas
noirs ? est ce que tu aimes vraiment tes cheveux ? Ne crois-tu pas que des cheveux noirs t’iraient bien
aussi?) . Une jeune fille (en fait ,
c’est une naine avec une voix super bizarre et je comprends à peine ce qu’elle
dit) finit par me demander si j’ai une question à leur poser concernant l’Inde.
Je regarde autour de moi et constate qu’il n’y a aucun homme dans la pièce. Je
prends donc mon courage à deux mains et ose demander l’impossible : What
do you think about the indians rapt ?
Les visages se
ferment. J’ai la soudaine envie de rembobiner la scène pour ne pas avoir eu le
culot de poser la question. Mais finalement l’une d’entre elles prend la parole
et me répond :
-
C’est
un vrai problème, difficile à résoudre. Le gouvernement a suggéré un couvre feu
à partir de 20h pour empêcher ce genre de choses. Mais évidemment ça ne peut
rien changer et les indiennes ne peuvent pas se contenter de cela.
Encore un
silence. Puis une autre reprend :
-
Il y
a un véritable problème d’identité en Inde. Beaucoup de gens issus des
campagnes viennent chercher du travail en ville où l’Etat ne contrôle presque
rien, les hommes boivent de plus en plus , alors que cela ne se faisait pas
avant. L’homme et la femme sont très
distincts ici. Je ne crois pas que ces viols aient eu lieu uniquement par désir sexuel,
mais aussi et surtout par désir de supériorité et d'affirmation. L’homme veut montrer qu’il a une
identité, il veut montrer qu’il a du pouvoir dans un pays où il en a peu. L’Etat ne peut pas faire grand chose contre la recherche
d’identité.
(Je résume en
quelques lignes, ce qu’elle a en fait exprimé en bien 5 bonnes minutes, mais
c’est tout ce que j’ai compris, vu mon niveau d’anglais).
Les femmes me
regardent, comme si elles attendaient que j’émette un avis, mais j’en suis
encore à me demander pourquoi j’ai posé cette question...
Un homme entre
finalement dans la pièce, un mouvement général se met en place et on retourne
toutes travailler .
Photo prise dans la rue (pour ceux qui auraient pas deviné)
Photo prise dans la rue (pour ceux qui auraient pas deviné)
D’après mes
recherches (parce qu’après une telle conversation , difficile de faire des
recherches sur le système bancaire indien..),
il semblerait qu’il y est toujours eu beaucoup de viols en Inde , mais
ceux-ci avaient lieux dans les zones rurales (seul un tiers des indiens vit
dans les zones urbaines). Or le récent viol à eu lieu à New Delhi , d’où les
manifestations virulentes qui réclament de ce fait un soutiens de l’Etat.
Photo prise au temple Govind'
Photo prise au temple Govind'
Je vous épargne le récit de tous les viols collectifs qui ont été décrits sur Internet (sinon , je connais mon père, il va avancer mon billet de retour), mais le premier ministre Manmohan Singh a ordonné toute une série de mesures pour augmenter la sécurité à New Delhi (dont l’insécurité lui a valu le surnom de capitale du viol) . Espérons que celles-ci seront effectives.
N.B : Je tiens à rassurer mes chers parents sur ce sujet, jusqu'à maintenant, il ne m'est absolument rien arrivé et je n'ai reçu aucune proposition indécente (Une fois un homme m'a dit "I'll marry you for free" mais c'était plus drôle qu'autre chose) et je demeure très prudente :)
effectivement "I'll marry you for free" me semble très flatteur vu que les familles des fiancées indiennes doivent apporter une dote non négligeable au futur marié.
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