On
est Jeudi, et Gilles (en Inde, depuis 11 ans) m’a parlé d’un chant religieux
trés réputé qui avait lieu à la tombée de la nuit au quartier de Nizamuddin
ouest , à New-Dehli.
Je range discrètement mes affaires et pars une heure plus tôt du boulot pour pouvoir assister à cet événement qu’il m’a si bien décrit.
Je range discrètement mes affaires et pars une heure plus tôt du boulot pour pouvoir assister à cet événement qu’il m’a si bien décrit.
Gilles
me rejoint à 18h en bas de chez moi et nous fait emprunter un rickshaw (il
s’agit d’un simple vélo conduit par un homme,
contrairement à l’auto-rickshaw qui possède un moteur).
Il
me prévient « Les musulmans sont assez généreux avec les mendiants, du
coup il y en a beaucoup ici, il ne faut pas que ça te surprenne ». Ce n'est pas loupé, nous sommes à peine arrivés à l'entrée du quartier que l'on voit déjà lépreux , amputés, aveugles nous tendre la main.
Ça
y est, nous voilà lancés au cœur du quartier musulman, tous les hommes portent
des chachiyas, impossible de s’y méprendre.
«
Passe devant moi, me conseille t-il en rigolant, ça t’évitera une main aux
fesses ! ».
Tout à coup, voilà que tous les clichés dont nous sommes victimes en France me reviennent à l’esprit. Je reste silencieuse mais pensive « qu’est ce que je fais là ?! Au cœur du quartier musulman ? Il n’y a presque que des hommes, je ne suis pas voilée...Je cherche la merde ! » .
Tout à coup, voilà que tous les clichés dont nous sommes victimes en France me reviennent à l’esprit. Je reste silencieuse mais pensive « qu’est ce que je fais là ?! Au cœur du quartier musulman ? Il n’y a presque que des hommes, je ne suis pas voilée...Je cherche la merde ! » .
Mais
Gilles ne m’attend pas et marche à grands pas, jusqu’au tombeau qui se situe au
fond du quartier et où a lieu le chant cérémonial. Je presse le pas et tente de
passer inaperçue, ce qui est chose impossible.
On
enlève nos chaussures et on pénètre dans la fameuse enceinte du tombeau. Il y a
énormément de monde. Gilles me guide jusqu’aux deux frères, Sultan et Ghulam qui
perpétuent la tradition des chants soufis dans une atmosphère de dévotion
intense. On n’est pas musulmans, c’est écrit sur nos visages, et pourtant l’un
d’eux nous sourit et nous invite à nous asseoir comme les autres.
Tout
à coup, tout mon stress de jeune petite occidentale complètement dépaysée
s’envole. Les chants m’envoutent.
« Préviens
moi quand tu en as marre » me chuchote Gilles. Je le regarde et je souris.
Il aurait du se douter que j'étais prête à rester là des heures, car en effet,
c’est lui qui, au bout d’une heure et demi, me suggère de
s’en aller.
Pour le point culture, je
vous réfère à cet article que j’ai trouvé sur Internet et qui retranscrit assez
bien ce que j’ai vécu :
Les gens s'entassent près de la dargah, un
tombeau de marbre blanc à ciel ouvert, dans Nizamuddin ouest. Comme chaque
jeudi vers 20 heures, la foule est venue écouter les qawwalis, les chants
soufis. Les vedettes de la soirée sont deux frères. Ghulam, l'aîné, a la bouche
rougie par les feuilles de bétel qu'il mâche. Sultan est plus jeune, et plus
timide. Tous les deux portent la même tunique blanche. Ils ont la trentaine
mais ont déjà l'habitude d'un tel auditoire. Assis par terre en tailleur, ils
font face à l'entrée du tombeau du saint soufi. La musique peut
commencer.
Avec leurs harmoniums (instrument entre le piano et l'accordéon) et leurs voix puissantes, les chanteurs font vite taire l'assistance. Derrière eux se tiennent discrètement deux joueurs de tabla et de dholak, les percussions indiennes. Le rythme est répétitif, envoutant. Les voix des chanteurs explorent l'éventail des tonalités vocales, du plus grave au plus aigu. Deux choristes battent des mains à leurs côtés. Cachées derrière un moucharabie, quelques femmes entrent en transe au rythme des percussions.
Selon la tradition, les qawwalis sont chantés devant les mausolées de saints soufis. Le soufisme est une branche mystique de l'Islam, plus rigoureuse au niveau des prières, des jeunes et de la renonciation. Même si les chants soufis célèbrent généralement Allah et le prophète Mahomet, certains ont un caractère plus universel. Ghulam explique : "Il y a des qawwalis profanes. Ils honorent les poètes ou simplement la beauté du monde. Ce sont les ghazal". Ghulam rappelle aussi que les chants qawwalis sont ouverts sur différentes cultures. Ils sont chantés en arabe, hindi, sanskrit, persan, et ourdou. Autre signe d'ouverture : les femmes sont autorisées à écouter les qawwalis, alors qu'elles ne peuvent pas pénétrer dans le tombeau de Nizamuddin.
Une fois leur prestation terminée, Ghulam et Sultan traînent dans les ruelles et répondent aux questions des auditeurs. Leur travail n'est pas fini. Ils chantent aussi à la radio et à la télévision. Ils transportent l'art des qawwalis, art vieux de plus de six cents ans, jusque dans les films Bollywoods. Ghulam est très fier d'avoir doublé Abhishek Bachchan dans le dernier film Jhoom Barabar Jhoom.
La principale motivation de ces chanteurs reste la foi. Lorsqu'on leur demande pourquoi les qawwalis rencontrent un tel succès même chez les non soufis, les deux frères répondent simplement : "Dieu parle à tous les hommes".
Avec leurs harmoniums (instrument entre le piano et l'accordéon) et leurs voix puissantes, les chanteurs font vite taire l'assistance. Derrière eux se tiennent discrètement deux joueurs de tabla et de dholak, les percussions indiennes. Le rythme est répétitif, envoutant. Les voix des chanteurs explorent l'éventail des tonalités vocales, du plus grave au plus aigu. Deux choristes battent des mains à leurs côtés. Cachées derrière un moucharabie, quelques femmes entrent en transe au rythme des percussions.
Selon la tradition, les qawwalis sont chantés devant les mausolées de saints soufis. Le soufisme est une branche mystique de l'Islam, plus rigoureuse au niveau des prières, des jeunes et de la renonciation. Même si les chants soufis célèbrent généralement Allah et le prophète Mahomet, certains ont un caractère plus universel. Ghulam explique : "Il y a des qawwalis profanes. Ils honorent les poètes ou simplement la beauté du monde. Ce sont les ghazal". Ghulam rappelle aussi que les chants qawwalis sont ouverts sur différentes cultures. Ils sont chantés en arabe, hindi, sanskrit, persan, et ourdou. Autre signe d'ouverture : les femmes sont autorisées à écouter les qawwalis, alors qu'elles ne peuvent pas pénétrer dans le tombeau de Nizamuddin.
Une fois leur prestation terminée, Ghulam et Sultan traînent dans les ruelles et répondent aux questions des auditeurs. Leur travail n'est pas fini. Ils chantent aussi à la radio et à la télévision. Ils transportent l'art des qawwalis, art vieux de plus de six cents ans, jusque dans les films Bollywoods. Ghulam est très fier d'avoir doublé Abhishek Bachchan dans le dernier film Jhoom Barabar Jhoom.
La principale motivation de ces chanteurs reste la foi. Lorsqu'on leur demande pourquoi les qawwalis rencontrent un tel succès même chez les non soufis, les deux frères répondent simplement : "Dieu parle à tous les hommes".
Après avoir passé
quelques bonnes vingtaines de minutes à observer le comportement des individus qui nous
entourent (Je vous assure qu’une femme qui entre en transe, ça vaut le coup
d’œil) , on se décide à sortir du tombeau.
Nous voilà alors
replongés dans le quartier musulman, mais cette fois, je suis détendue (un peu
comme si j’avais fumé un pétard, mais en bien mieux), je prends le temps de
faire des photos et de rendre des sourires. Je traine des pieds , tout le monde
me sourit et me demande d’où je viens.
« Tu t’es fais des amis on dirait » me lance Gilles qui ,
semblerait-il , ne reçoit pas autant de sourires que moi !
C’est la première
fois depuis que je suis arrivée que j’aie eu autant de mal à m’endormir, toutes
ces images me reviennent en tête. J’ai le cœur qui bat très fort quand je
repense à ces chants.
Je sens que je suis privilégiée et que j’ai vécu quelque
chose de fort et d'exceptionnel.
ben dis-donc quelle aventure : toi qui hésitais !! ça t'inspire c'est bien raconté et ça donne envie d'y aller.
RépondreSupprimerbises
Papa
C'était en effet une très belle expérience ! J'ai mis une vidéo sur facebook qui donne un petit aperçu de la chose !
SupprimerJ'aimerais vous avoir avec moi pour découvrir toutes ces choses ensemble !
Gros bisous papounet !
Je suis d'accord avec toi, c'était certainement une expérience exceptionnelle et tu as une grande chance de l'avoir vécue et bien raconté, merci pour ce récit plein d'émotion.
RépondreSupprimeralors tu fumes des pétards???vraiment tu exagères!
Je ne sais pas ce qui me fait le plus rire, entre tes très beaux articles plein d'humour ou les commentaires de nos parents :)
RépondreSupprimerVous faites quoi fin juillet? On la rejoint :)
C'est vrai qu'ils me font bien rire aussi !
RépondreSupprimerOH OUI , REJOIGNEZ moi !! je peux tous vos loger en plus !! :D
ce serait tellement génial! mais ouf, on ne peut pas! Mais toi Steph avec Sandy vous pourriez..il suffit d'aller à l’ambassade de demander un visa touristique...et payer un billet d'avion...pour le reste c'est facile à organiser.
RépondreSupprimerOn pourrait aller une autre fois tous ensemble...bises à vous 2